par Simon Lewis et Humeyra Pamuk WASHINGTON, 7 avril (Reuters) - La Maison blanche a déclaré
mercredi que les Etats-Unis ne discutaient pas de la possibilité
d'organiser avec leurs partenaires un boycott commun des Jeux
olympiques d'hiver de 2022 prévus à Pékin en raison des
violations des droits de l'homme dont Washington accuse la
Chine. Cette déclaration de la porte-parole de la présidence
américaine, Jen Psaki, lors d'un point de presse, est intervenue
quelques heures après qu'un représentant du département d'Etat
américain a indiqué que les Etats-Unis souhaitaient aborder
cette question avec leurs partenaires. S'exprimant lors d'une conférence de presse, le porte-parole
de la diplomatie américaine, Ned Price, a réaffirmé les
inquiétudes des Etats-Unis concernant ce que Washington
considère comme un génocide visant la minorité musulmane des
Ouïghours dans le nord-ouest de la Chine. Pékin rejette ces
accusations. Prié de dire si les Etats-Unis consultaient leurs
partenaires en vue d'une décision commune sur un éventuel
boycott, il a déclaré: "C'est un élément que nous souhaitons
certainement aborder (...). Nous pensons qu'une approche
coordonnée sera non seulement dans notre intérêt, mais aussi
dans l'intérêt de nos alliés et partenaires", a-t-il ajouté. Le porte-parole du département d'Etat américain a précisé
par la suite, par courriel, que les Etats-Unis souhaitaient une
approche coordonnée sur le sujet et non nécessairement un
boycott collectif. Ned Price a ajouté par la suite sur Twitter: "2022 est une
date encore éloignée, mais nous continuerons de consulter
étroitement nos alliés et partenaires pour réfléchir à nos
inquiétudes communes et établir une approche commune envers (la
Chine)." Réagissant à ces déclarations, Zhao Lijian, porte-parole du
ministère chinois des Affaires étrangères, a souligné lors d'une
conférence de presse à Pékin que l'idée d'un boycott était
contraire à l'esprit de la charte olympique et portait atteinte
aux intérêts des athlètes. "La société internationale ne
l'acceptera pas", a-t-il dit. La Maison blanche avait fait savoir en février qu'aucune
décision définitive n'avait encore été prise quant à la
participation des Etats-Unis aux Jeux olympiques de 2022. Elle
avait ajouté attendre les recommandations du Comité
international olympique (CIO), qui n'a pour l'instant fait aucun
commentaire. Plusieurs ONG ont exhorté le CIO à retirer les Jeux
olympiques à la Chine en raison du traitement infligé par Pékin
aux Ouïghours et d'autres préoccupations liées aux droits de
l'homme. Un groupe d'experts de l'Onu a indiqué en 2018 avoir reçu
des informations crédibles selon lesquelles au moins un million
d'Ouïghours et d'autres musulmans ont été détenus dans des camps
au Xinjiang. La Chine dément toute atteinte aux droits de l'homme au
Xinjiang et affirme que les camps permettent de dispenser une
formation professionnelle aux populations locales et de lutter
contre l'extrémisme. Les Etats-Unis avaient décidé de boycotter en 1980 les Jeux
olympiques d'été de Moscou sur fond de guerre froide après
l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS qui ont à leur tour
boycotté, quatre ans plus tard, les Jeux de Los Angeles.
(Humeyra Pamuk, Simon Lewis, David Brunnstrom et Gabriel
Crossley; version française Claude Chendjou, édité par Jean
Terzian)